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Cueillerai-je pour toi au jardin des mystères La rose merveilleuse éclose en ton sourire ? Elle est née… d’un désir à peine, une prière, En l’éblouissement de mes chers souvenirs. La brise veloutée l’effleure et la caresse Ondoie, fait chatoyer ses mouvantes
couleurs ; Le ciel tout entier d’or imprime ses douceurs Aux pétales soyeux d’une infinie souplesse. En moi secrètement sans fin je la façonne, Plus belle chaque jour et plus digne de toi : Au creux de mon silence pour toi je lui donne La grâce, la candeur, un long frisson d’émoi. Joyau de ma tendresse et de mon amitié, Elle n’existe là que dans mon cœur
sauvage, Hors du temps ravageur, à l’abri de l’orage Et seul un mot trop dur la ferait se faner. Mais un soir de légende irisant la lumière, J’effeuillerai pour toi la fleur imaginaire : Diadème parfumé, la courbe des sépales Sera tissée de nuit, de rêves et d’étoiles.
Désir de rivage
Il me faut du silence et des rêves d’azur, De longues étendues de sable et de blondeur, Un horizon lointain chatoyant de couleurs Et sur les dunes bleues le parfum des fleurs
mûres. Il me faut l’odeur suave
et mauve des
bruyères, L’or piquant des ajoncs, l’or doux des
immortelles, Le velours des lichens et des œillets de mer Et le soupir moiré des vagues maternelles. Il me faut un casier séchant sur le vieux port, Une barque ventrue se baignant au soleil, Un galet rond, poli, où le lézard sommeille, Un chemin de traverse où le vent souffle fort. Il me faut tout cela pour vivre mes hivers ; Le ciel pluvieux et bas, lourd de morosité Et la ville et le bruit ne peuvent
satisfaire Mes fulgurants désirs d’espace et de beauté ! J’imagine… le ciel, le soir, un goéland, Les dernières lueurs dont le Suroît se voile, Et le Grand Phare aussi qui lance en tournoyant Sa clarté régulière au sable des étoiles.
Ambiance d’automne
Le soir distille en moi sa douceur automnale… L’âme des jardins clos, en sa robe diaprée, Frôle d’un long soupir la vigne virginale Où, silencieux, se glisse un reflet mordoré. Le ciel, grand joaillier, a retaillé ses
pierres : Dans une ronde opale il grave son sourire, Eclate ses diamants, parsème leur poussière Et fond l’aigue-marine en un profond saphir. Timide, rougissante et de fraîcheur éprise, La nuit effarouchée vient endormir les
choses ; Sa main tendre retient à peine l’heure grise Où les chants fatigués des merles
se reposent. Mais dans l’ombre s’épanche un lourd parfum d’absence Et l’espace et le temps semblent fanés soudain, Froissés, flétris, sans joie, presque sans
espérance… Alors, mage tranquille au visage serein, Le vénérable Automne, imperturbable et lent Dans son riche manteau de feuille et de lumière Eteint ses feux, s’en va, et laisse en s’en allant Son empreinte étoilée dans les larges ornières.
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